« HAMAGE, abbaye Sainte-Marie » : différence entre les versions

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La fonction funéraire de l'église est bien attestée au 8e s. En revanche, au 9e s. les sépultures sont détruites, sauf une, celle de l'abbesse Gertrude. Les religieuses quittent l'établissement à la fin du 9e siècle, suite aux invasions normandes.
La fonction funéraire de l'église est bien attestée au 8e s. En revanche, au 9e s. les sépultures sont détruites, sauf une, celle de l'abbesse Gertrude. Les religieuses quittent l'établissement à la fin du 9e siècle, suite aux invasions normandes.
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Des premières périodes d’occupation du monastère, attribuables par le mobilier céramique au milieu et à la seconde moitié du 7e s., la fouille a retrouvé les fossés d’enclos du claustrum sur trois côtés, ouest, sud et est, doublés par une palissade de bois. L’enclos mesure alors 40 m de largeur (nord-sud) pour une soixantaine de m de longueur (est-ouest). Les religieuses habitent de petites cellules arrondies ou quadrangulaires, sur poteaux ou sur solins de pierre, de 20 à 30 m2 de superficie. Aucune sépulture ni édifice de culte n’est attribuable à ces périodes. La fonction monastique de cette première implantation est assurée par la découverte de plusieurs graffitis sur des gobelets céramiques, portant des noms féminins.
Des premières périodes d’occupation du monastère, attribuables par le mobilier céramique au milieu et à la seconde moitié du VIIe s., la fouille a retrouvé les fossés d’enclos du ''claustrum'' sur trois côtés, ouest, sud et est, doublés par une palissade de bois. L’enclos mesure alors 40 m de largeur (nord-sud) pour une soixantaine de m de longueur (est-ouest). Les religieuses habitent de petites cellules arrondies ou quadrangulaires, sur poteaux ou sur solins de pierre, de 20 à 30 m2 de superficie. Aucune sépulture ni édifice de culte n’est attribuable à ces périodes. La fonction monastique de cette première implantation est assurée par la découverte de plusieurs graffitis sur des gobelets céramiques, portant des noms féminins.


Période III (8e s.)
Période III (VIIIe s.)
Au 8e s., une église Sainte-Marie est bâtie à l’intérieur de l’enclos, le long de la face nord. La Vita Eusebiae attribue sa fondation, vers 679 - 703, à l’abbesse Gertrude II. Deux états de l’édifice ont été reconnus. Du premier état (Etat I), très lacunaire, ne subsistent que les fondations peu profondes de la façade occidentale ainsi que celles d’une abside. La longueur totale de l’édifice peut être estimée à 25 m. Six tombes en coffres de bois et trois sarcophages monolithes en calcaire tendre sont attribués à cet état. L’un de ces dernier, installé dans le chœur, porte un graffiti (plus tardif ?) ECCE G., qui pourrait indiquer la sépulture de la fondatrice.
Au VIIIe s., une église Sainte-Marie est bâtie à l’intérieur de l’enclos, le long de la face nord. La ''Vita Eusebiae'' attribue sa fondation, vers 679-703, à l’abbesse Gertrude II. Deux états de l’édifice ont été reconnus. Du premier état (Etat I), très lacunaire, ne subsistent que les fondations peu profondes de la façade occidentale ainsi que celles d’une abside. La longueur totale de l’édifice peut être estimée à 25 m. Six tombes en coffres de bois et trois sarcophages monolithes en calcaire tendre sont attribués à cet état. L’un de ces dernier, installé dans le chœur, porte un graffiti (plus tardif ?) ECCE G., qui pourrait indiquer la sépulture de la fondatrice.
Un second l’édifice (Etat II) remplace assez vite la première église. Les fondations maçonnées sont traversées de forts poteaux de bois qui soutiennent les parties hautes de l’édifice. La construction, longue d’une vingtaine de mètres, est composée d’une nef rectangulaire suivie d’un chœur presque carré et d’une abside orientée flanquée d’une absidiole, au nord. Le sous-sol de la nef est occupé par plusieurs dizaines de sépultures. L’espace funéraire s’étend également sur les flancs ouest et sud de l’église.
Un second l’édifice (Etat II) remplace assez vite la première église. Les fondations maçonnées sont traversées de forts poteaux de bois qui soutiennent les parties hautes de l’édifice. La construction, longue d’une vingtaine de mètres, est composée d’une nef rectangulaire suivie d’un chœur presque carré et d’une abside orientée flanquée d’une absidiole, au nord. Le sous-sol de la nef est occupé par plusieurs dizaines de sépultures. L’espace funéraire s’étend également sur les flancs ouest et sud de l’église.
A côté de la nouvelle église Sainte-Marie, les petites cellules éparses sont remplacées par deux bâtiments communautaires successifs, en bois. Le second, mieux connu, est une construction à trois nefs de 11 x 19 m de côté qui regroupe une dizaine de petites pièces munies de foyer autour de deux ou trois grandes salles centrales. Un four domestique extérieur et des latrines lui sont associés. La datation de l’ensemble au 8e s. repose sur un mobilier abondant et sur trois monnaies.
A côté de la nouvelle église Sainte-Marie, les petites cellules éparses sont remplacées par deux bâtiments communautaires successifs, en bois. Le second, mieux connu, est une construction à trois nefs de 11 x 19 m de côté qui regroupe une dizaine de petites pièces munies de foyer autour de deux ou trois grandes salles centrales. Un four domestique extérieur et des latrines lui sont associés. La datation de l’ensemble au 8e s. repose sur un mobilier abondant et sur trois monnaies.

Version du 29 juillet 2013 à 11:06

Données

Topographie

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Adresse/Lieu-dit 4, rue de la Faïencerie
Toponyme
Propriétaire association ARKEOS
Protection de l'édifice sans
Références cartographiques cartes 25.000e 2606O
Numéro parcellaire sur le Cadastre actuel section A01 pa 1619
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Sources historiques et identification

Sources epigraphiques

- Mention de sainte Eusébie : fin du 9e s. addition au sacramentaire d’Hildoard, ms 164 Cambrai (Mériaux p. 194 et n. 115). - Graffiti sur sarcophage et fragment mentionné en Etat 2

Sources indirectes

- diplôme de Charles le Chauve (877, TESSIER, 1952, II, 435) - Vita Rictrudis d’Hucbald de Saint-Amand (907), AA SS, Maii III, p. 81-89, - Vita Eusebiae (entre 952 et 1011), AA SS, Martii II, p. 447-450, - Miracula B. Rictrudis, AA SS Maii III, p. 89-154, - Miracula S Eusebiae rédigés peu après 1133, AA SS, Martii III, p. 453-456 - Histoire-polyptyque de l’abbaye de Marchiennes, rédigées vers 1116-1121 (Ed. Delmaire, 1985). -mentions indirectes des Annales Bertiniani, éd. Waitz (G.), MGH SS. rer. Germ. 5, Hannovre, 1883, p. 134. et des Annales Vedastini, éd. Von Simpson (B.), MGH SS. rer. Germ. 12, Hannovre, 1909, p. 49.

Sources archéologiques

Sondages 1990, Fouilles programmées du cloître et de l’église, 1991-2001. Rapports d’opérations : (conservés au SRA à la Communauté d’Agglomération du Douaisis, direction de l’archéologie préventive). Auteur : Etienne Louis, organisme de rattachement : ville de Douai (1991-2005), Communauté d’Agglomération du Douaisis (depuis 2005).

Sondages 1990 : Louis (E.), « Wandignies-Hamage, le prieuré de Hamage, site 225 », in : Demolon P. dir., Opérations archéologiques du Service archéologique du musée de Douai, 1990, Douai, 1990, p. 83-97 (dactyl.). Campagne 1991 : Louis E., Wandignies-Hamage (Nord), ancienne abbaye de Hamage, site 225/91, Service archéologique du musée de Douai, Douai, 1991 (30 p., dactyl.). Campagne 1992 : Louis E., Wandignies-Hamage (Nord), fouille programmée de l’ancienne abbaye de Hamage, site 225/92, Service archéologique du musée de Douai, Douai, 1992 (38 p., dactyl.). Campagne 1993-1994 : Louis E., Wandignies-Hamage (Nord), ancienne abbaye de Hamage, site 225/94, fouille programmée pluriannuelle, rapport intermédiaire (seconde année), Service archéologique du musée de Douai, Douai, 1994 (15 p., dactyl.). Campagne 1995 : Louis E., Wandignies-Hamage (Dépt. du Nord), Hamage, fouilles programmées de l’ancienne abbaye, rapport de l’autorisation triannuelle 1993-1995, Service archéologique du musée de Douai, Douai, 1995 (74p., dactyl.). Campagne 1996 : Louis E., Hamage, fouilles programmées de l’ancienne abbaye, Wandignies-Hamage, site 5963701 (Dépt. Du Nord), Rapport intermédiaire de l’autorisation de fouille programmée bisannuelle n° 96/045, Service archéologique du musée de Douai, Douai, 1996 (43 p., dactyl.). Campagne 1997 : Louis E., Hamage, fouilles programmées de l’ancienne abbaye, Wandignies-Hamage, site 5963701 (Dépt. Du Nord), Document final de synthèse de l’autorisation de fouille programmée bisannuelle n° 96/045, Service archéologique du musée de Douai, Douai, 1998, 4 volumes (83 et 269 p., dactyl.). Campagne 1998 : Louis E., Hamage, fouilles programmées de l’ancienne abbaye, Wandignies-Hamage, site 5963701 (Dépt. Du Nord), Document final de synthèse de l’autorisation de fouille programmée 1996-1998, compléments 1998, Arrêtés n° 96/045 et 98/081, Service archéologique du musée de Douai, Douai, 1998, (114 p, dactyl.). Campagne 1999 : Louis E., Hamage, fouilles programmées de l’ancienne abbaye, Wandignies-Hamage, site 5963701 (Dépt. Du Nord), Rapport intérimaire de l’autorisation de fouille programmée pluriannuelle 1999-2001. Arrêté n° 99/070, Service archéologique du musée de Douai, Douai, 1999, (44 p., dactyl.). Campagne 2000 : Louis E., Hamage, fouilles programmées de l’ancienne abbaye, Wandignies-Hamage, site 5963701 (Dépt. Du Nord), Second rapport intérimaire de l’autorisation de fouille programmée pluriannuelle 1999-2001. Arrêté n° 99/070, Service archéologique du musée de Douai, Douai, 2000 (40 p., dactyl.). Campagne 2001 : Louis E., Hamage, fouilles programmées de l’ancienne abbaye, Wandignies-Hamage, site 5963701 (Dépt. Du Nord), Troisième rapport intérimaire de l’autorisation de fouille programmée pluriannuelle 1999-2001. Arrêté n° 99/070, Service archéologique du musée de Douai, Douai, 2001 (52 p., dactyl.).

Sources d'archives

aucune pour la période; les archives concernant le prieuré bénédictin médiéval et moderne se trouvent dans le fonds de l’abbaye de Marchiennes (ADN 10H 1190 à 10H 1233).

Sources Bibliographie

Platelle, Henri, Hamage, Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, 23, Paris, 1990, col. 199-200. Louis, Étienne, Fouilles archéologiques sur le site du monastère mérovingien puis carolingien de Hamage (France, dép. du Nord) In: Handelingen der Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te Gent Ser. NR, Bd. 49 (1995) S. 45-70. Louis, Étienne, Hamage, abbaye mérovingienne et carolingienne, Douai (1996). Louis, Étienne, Aux débuts du monachisme en Gaule du Nord: Les fouilles de l'abbaye mérovingienne et carolingienne de Hamage (Nord) In: Clovis, histoire et mémoire T. 2 (1997) S. 842-868. Louis, Étienne, Archéologie des bâtiments monastiques, VIIème-IXème siècles. Le cas de Hamage (France, Département du Nord) - In: Religion and Belief in Medieval Europe (1997) S. 55-63. Louis, Étienne, Hamage (Nord): espaces et bâtiments claustraux d'un monastère mérovingien et carolingien In: Pratique et sacré dans les espaces monastiques au Moyen Âge et à l'époque moderne S. 73-97, (1998). Louis, Étienne, Wandignies-Hamage, ancienne abbaye de Hamage, Villeneuve d'Ascq, 2002. Louis, Étienne • Blondiaux, Joël, L'abbaye mérovingienne et carolingienne de Hamage (Nord). Vie, mort et sépulture dans une communauté monastique féminine. - In: Inhumations de prestige ou prestige de l'inhumation ? (2009), S. 117-150. Louis, Étienne, Deux sites merovingiens à vitraux du Nord de la France, In: Vitrail, verre et archéologie entre le Ve et le XIIe siècle S. 141-152, (2010). Gaillard, Michèle, Krönert, Klaus et Mériaux Charles (dirs.) La Vie de sainte Eusébie d’Hamage, traduction et commentaire, à paraître, Revue du Nord.

Conservation

Etat de conservation actuel: Chapelle de 1721, restaurée en 2002-2005, avec quelques parties anciennes. Des éléments de fondations de la nef (Etat 4) et les fondations des absides (Etats 1 et 2) sont accessibles).

Titulature actuelle

aucune (désacralisé depuis 1791)

Titulature historique

Sainte-Marie (Histoire-polyptique, §9).

Diocèse actuel

Lille

Diocèse historique

Arras (puis Cambrai en 1791)


Contexte d’implantation

Description

L’abbaye se situe le long de la rive droite de la Scarpe, affluent de l’Escaut, dans un paysage marécageux. Avant la canalisation de la rivière en 1835 (Dubois 1889, p. 17-18), celle ci suivait un cours méandreux qu’il est possible de restituer d’après les limites cadastrales parcellaires et communales qui ont « fossilisé » le tracé jusqu’à nos jours. En l’absence de sondages systématiques, il serait toutefois téméraire de garantir l’absolue stabilité du cours d’eau entre le Haut Moyen-Age et le début du XIXe s. De part et d’autre de la Scarpe, on remarque sur 25 km (de Douai à Saint-Amand), une série de petites éminences de taille variable, étroites et allongées (de 0,2 à 5 km de long sur quelques dizaines ou quelques centaines de m de largeur), culminant à 1 ou 2 m au dessus de la plaine voisine. Globalement, ces petits reliefs forment un cordon discontinu de part et d’autre de la rivière. Des études récentes (Fourrier, 1992) ont démontré que ces éminences correspondent à un système dunaire mis en place au Weichselien supérieur (ca 20000 – 12000). Depuis le Néolithique, ces cordons sableux surélevés ont focalisé l’occupation humaine (Louis, 2004, fig. 2). Les noyaux anciens (médiévaux) de tous les villages de la vallée sont tous perchés sur ces formations qui en commandent la morphologie. Jusqu’aux dessèchements systématiques du XIXe s., ces îlots fournissent également les seules terres cultivables, d’ailleurs peu fertiles, du secteur, le reste étant à usage de pâture, de marais ou de forêt. L’ancienne abbaye de Hamage est installée sur l’un de ces cordons sableux.

Structures antérieures

En dépit d’un abord apparemment répulsif, la basse vallée de la Scarpe est densément occupée depuis le Néolithique et tout particulièrement au second Age du Fer et à l’Epoque gallo-romaine, comme le montrent quelques fouilles récentes et les prospections de surface. La plus grande partie de ces occupations est implantée sur et en bordure des îlots sableux précédemment décrits. Le Haut Empire est caractérisé par la présences d’ateliers de tuiliers, de quelques grandes villae et surtout par de très nombreuses occupations rurales plus modestes, réparties tous les 500 à 700 m environ. plusieurs sont situées à moins de 500 m du futur site monastique. La Scarpe et ses petits affluents jouent sans aucun doute un important rôle de communication et de circulation des productions locales (notamment des tuiles). Aucune voie importante ne traverse la secteur. Après une importante vague d’abandon, le 4e s. de N.E. est encore représenté par plusieurs sites significatifs, dont l’un à 700 m à l’est du cloître et 2 autres un peu plus loin, à 2500 m environ vers l’ouest, sur les communes de Marchiennes et de Rieulay. Le 5e et la période mérovingienne sont, dans l’état actuel des connaissances, très mal connus dans le fond de vallée et divers indices archéobotaniques et historiques montrent que ’il se couvre alors d’un massif forestier presque continu. Au sens le plus étroit du terme, les fouilles ont montré que le site monastique s’installe au milieu du 7e s. dans un site vierge, probablement abandonné par l’agriculture depuis 2 à 3 siècles.

Habitat contemporain

Autant que l’on puisse tenter une restitution d’après des sources tardives (10e-12e s.)et notamment à partie des premières données concernant le réseau paroissial, le monastère de Hamage et celui de Marchiennes, situés à 1500 m l’un de l’autre, sont fondés au cœur du même domaine foncier, implanté sur les deux rives de la Scarpe et pouvant s’étendre sur environ 6300 hectares. Logiquement, le centre domanial de l’ensemble se situe à Marchiennes. Autant que l’on puisse la savoir faute de sources archéologiques concernant Marchiennes, la fondation et le développement des deux monastères sont à peu près contemporains, Hamage précédant sans doute Marchiennes de quelques années. Depuis 2006, une série d’opérations archéologiques a permis d’explorer partiellement un habitat rural des 8e-9e s. situé le long d’un chemin et en bordure de la rivière, à l’est de l’abbaye. Avec une diversité particulière d’activités artisanales particulières (réduction du minerai de fer, verrerie, céramique, tabletterie), il s’agit clairement du petit vicus monastique associé à l’abbaye, avec ses paysans et ses dépendants. Cette petite agglomération est exactement synchrone avec le monastère ; elle apparaît et disparaît en même temps que lui.


Fonction

Bâtiment

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Description

L’église Sainte-Marie est construite par l’abbesse Gertrude à la fin du 7e siècle. La fonction funéraire de l'église est bien attestée au 8e s. En revanche, au 9e s. les sépultures sont détruites, sauf une, celle de l'abbesse Gertrude. Les religieuses quittent l'établissement à la fin du 9e siècle, suite aux invasions normandes. Au 10e s. l'église est entretenue par quelques chanoines installés dans ce qui est devenu un prieuré de l'abbaye de Marchiennes.


Informations générales

Description [[Image:{{{PlanGeneral}}}|thumb|right|border|135px|Évolution du plan]]

Période I et II (VIIe s.) Des premières périodes d’occupation du monastère, attribuables par le mobilier céramique au milieu et à la seconde moitié du VIIe s., la fouille a retrouvé les fossés d’enclos du claustrum sur trois côtés, ouest, sud et est, doublés par une palissade de bois. L’enclos mesure alors 40 m de largeur (nord-sud) pour une soixantaine de m de longueur (est-ouest). Les religieuses habitent de petites cellules arrondies ou quadrangulaires, sur poteaux ou sur solins de pierre, de 20 à 30 m2 de superficie. Aucune sépulture ni édifice de culte n’est attribuable à ces périodes. La fonction monastique de cette première implantation est assurée par la découverte de plusieurs graffitis sur des gobelets céramiques, portant des noms féminins.

Période III (VIIIe s.) Au VIIIe s., une église Sainte-Marie est bâtie à l’intérieur de l’enclos, le long de la face nord. La Vita Eusebiae attribue sa fondation, vers 679-703, à l’abbesse Gertrude II. Deux états de l’édifice ont été reconnus. Du premier état (Etat I), très lacunaire, ne subsistent que les fondations peu profondes de la façade occidentale ainsi que celles d’une abside. La longueur totale de l’édifice peut être estimée à 25 m. Six tombes en coffres de bois et trois sarcophages monolithes en calcaire tendre sont attribués à cet état. L’un de ces dernier, installé dans le chœur, porte un graffiti (plus tardif ?) ECCE G., qui pourrait indiquer la sépulture de la fondatrice. Un second l’édifice (Etat II) remplace assez vite la première église. Les fondations maçonnées sont traversées de forts poteaux de bois qui soutiennent les parties hautes de l’édifice. La construction, longue d’une vingtaine de mètres, est composée d’une nef rectangulaire suivie d’un chœur presque carré et d’une abside orientée flanquée d’une absidiole, au nord. Le sous-sol de la nef est occupé par plusieurs dizaines de sépultures. L’espace funéraire s’étend également sur les flancs ouest et sud de l’église. A côté de la nouvelle église Sainte-Marie, les petites cellules éparses sont remplacées par deux bâtiments communautaires successifs, en bois. Le second, mieux connu, est une construction à trois nefs de 11 x 19 m de côté qui regroupe une dizaine de petites pièces munies de foyer autour de deux ou trois grandes salles centrales. Un four domestique extérieur et des latrines lui sont associés. La datation de l’ensemble au 8e s. repose sur un mobilier abondant et sur trois monnaies.

Période IV (9e s.) Une nouvelle église (Etat III) est édifiée avec un vaisseau rectangulaire de 8 m de largeur et d’une longueur de 23,5 m, comprenant un petit avant-corps et un chœur quadrangulaire. Cet ensemble massif est accosté d’une galerie, en façade et tout au long du côté sud. Lors de la construction, les sépultures antérieures sont nivelées ou détruites, à l’ exception du sarcophage attribué à Gertude, qui fait l’objet d’une mise en valeur particulière. A de rares exceptions près, la nouvelle église perd toute fonction funéraire. Pour la première fois, les bâtiments claustraux s’organisent selon un plan d’ensemble, autour d’une cour de cloître. Les trois ailes sont en bois, d’environ 7 m de largeur et une vingtaine de m de longueur. Une galerie sur poteaux de bois longe le mur de l’église. La datation du premier carré claustral et de la seconde église de Hamage est calée par la stratigraphie et par deux deniers et une obole de Louis-le-Pieux, «au temple» (822-840). Les bâtiments subissent un incendie général qu’il est tentant d’associer aux raids vikings des années 880-881 qui détruisent « tous les monastères de la Scarpe » (Annales Vedastini).

Période V (10e – 11e s.) L’emplacement du cloître, vide de construction, est remis en culture. Un bâtiment sur poteaux plusieurs fois remanié et de nombreuses fosses connexes ont été fouillés à une vingtaine de mètres à l’est de l’église. Diverses considérations et l’étude du mobilier associé, attribuable aux 10e-11e s., permettent d’y voir une exploitation rurale chargée de la mise en valeur agricole de l’ancien site monastique. En dépit de l’éloignement de la communauté, l’église Sainte-Marie bénéficie de soins attentifs (Etat IV). La nef principale reste inchangée, tout au moins au niveau des fondations. En revanche, les galeries carolingiennes disparaissent au sud et à l’ouest et un nouveau mur méridional est construit, un peu au nord du précédent, sans doute pour un collatéral. Une tour (clocher et/ou tribunes) est adossée à la façade occidentale, côté intérieur de la nef. Le chevet carolingien est percé pour installer une abside en fer à cheval. L’église est alors gérée par quelques chanoines (pauci canonici) cités par les Gesta Episcoporum Cameracensium (p. 461). Devant l’église, l’espace jadis occupé par la galerie occidentale carolingienne est colonisé par une trentaine de tombes. La multiplicité des sépultures et leurs recoupements suggèrent le long usage de cette petite nécropole, jusqu’au début du XIIe s.

HAMAGE, abbaye Sainte-Marie (Galerie d'images)|


Articulation en états

Considérations critiques sur les états et sur la chronologie

Chronologie

L’Etat I est connu de manière très lacunaire, du fait principalement de sa reconstruction totale sur un plan très proche (Etat II). Il n’en subsiste que quelques éléments de fondations de ses extrémités occidentales et orientales, ainsi que quelques sépultures associées et quelques lambeaux de sol. Le plan général est semblable à celui de l’Etat II, avec une nef unique rectangulaire, un chœur plus ou moins carré et une abside saillante, légèrement outrepassée. La longueur totale de l’édifice est de 25,0 m. Il n’existe pas de datation archéologique absolue et directe pour cet édifice. Le dossier est le suivant : - La première église a recoupé des vestiges de la Période II (notamment les fondations d’une cellule monastique au niveau du chœur), datée par le mobilier céramique du milieu et de la seconde moitié du 7e s. - L’Etat II est quant à lui associé stratigraphiquement à la Période III, abondamment documentée par le mobilier céramique, métallique et numismatique et située au 8e s. - L’Etat I de l’église est bien postérieur à la fondation du monastère, que des données indirectes contenues dans la Vita Rictrudis situe à la fin de la première moitié du 7e s. - Selon la Vita Eusebiae la dédicace de l’église Sainte-Marie construite par l’abbesse Gertrude se serait faite en présence d’ Atha (ou Hatta), abbé de Saint-Vaast d’Arras et de Saint-Pierre de Gand, personnage connu vers 679-703. Tous ces éléments convergent pour situer la date de construction de l’Etat I vers la fin du 7e ou les débuts du 8e s. L’Etat II est relativement bien connu, du moins au niveau de ses fondations. Le plan général est sans doute assez similaire à celui de l’Etat I, avec une nef unique rectangulaire, un chœur plus ou moins carré et une abside saillante, légèrement outrepassée, flanquée d’une absidiole. La longueur totale de l’édifice est de 21,3 m, pour une largeur maximum de 7,9 m. Il n’existe pas de datation archéologique absolue et directe pour cet édifice. Le dossier est le suivant :

- Le mobilier des tombes de l’Etat II, assez peu caractéristique, fournit une fourchette chronologique large : de la seconde moitié du 7e à la fin du 9e s . - La graphie de l’inscription est antérieure à la réforme carolingienne. - L’Etat II est associé clairement par la stratigraphie à la Période III, abondamment documentée quant à elle par le mobilier céramique, métallique et numismatique et située au 8e s. - L’Etat II est évidemment antérieur à l’Etat III de l’église, associé à la Période IV, datée notamment par la numismatique de la première moitié du 9e s. Tous ces éléments convergent pour situer la date de construction et l’usage (notamment funéraire) de l’Etat II dans le courant du 8e s., avec un débord possible au début du siècle suivant. L’Etat III a été globalement reconnu, du moins au niveau de ses fondations. Les reconstructions ultérieures, qui utiliseront longtemps la structure de la nef carolingienne, ont cependant fait disparaître la totalité des aménagements de surface. Le plan général est rectangulaire (27,90 x 13,95 m hors tout, soit exactement une proportion de 2/1) et se compose d’un vaisseau principal ( 23,55 x 9,05 m hors tout) composé d’un avant-corps, d’une nef et d’un chœur carré à chevet plat, enveloppé sur les côtés ouest et sud par une galerie large de 4,6 m environ. L’existence d’une annexe latérale nord est extrêmement probable, mais si son emplacement n’a pu être fouillé. Il n’existe pas de datation archéologique absolue et directe pour cet édifice. Le dossier est le suivant :

- L’état III de l’église est stratigraphiquement postérieur à la Période III du cloître, datée du 8e s. par le mobilier céramique, métallique et numismatique. - La tombe 5575, contemporaine ou immédiatement de la construction du mur de galerie contenait une fibule ansée symétrique analogue à plusieurs autres provenant de diverses structures de la Période III (8e s.) La défunte était âgée de 49 ans (datation TCA J. Blondiaux). - L’Etat III est stratigraphiquement associé à la Période IV, daté par 3 monnaies de Louis le Pieux. - L’Etat III est stratigraphiquement antérieur à la Période V, ont la durée s’étale sur plus de 2 siècles, mais dont le mobilier céramique le plus ancien est attribué au 10e s. - L’Etat III s’achève par un incendie de l’église et du cloître et surtout par la disparition définitive des bâtiments monastiques. Destruction et départ de la communauté peuvent être mis en relation avec les raids vikings des années 880-883, dont on sait qu’ils ont concerné « tous les monastères de la Scarpe » (Annales Vedastini). Ces éléments convergent pour situer la date de mise en place de l’Etat III à la fin du 8e ou au début du 9e s., avec une durée d’usage occupant tout le 9e s. L’Etat IV a été globalement reconnu, au niveau de ses fondations. Le vaisseau principal de l’Etat III est maintenu, avant-corps et choeur inclus, mais sans les murs de refend séparant ces différentes parties. Le chœur, peut-être voûté, est muni d’une abside saillante en fer à cheval. Un petit clocher porche est adossé au revers de la façade occidentale, côté intérieur. La galerie méridionale et l’annexe nord sont reconstruits. L’ensemble mesure, hors tout, 28,4 x 15 m. La datation de l’État IV est assez floue. On rappelle que l’État III est clairement attribuable au 9e s., avec un incendie final à la fin du 9e ou au 10e s., éventuellement en rapport avec les raids normands de 880-883. Le comblement de l’arrachement d’un bloc issu des superstructures du refend occidental de la nef carolingienne, opération préalable à l’édification de la tour, a fourni un tesson et un petit objet en os associé à l’activité textile (tricotin), attribuables aux 10e ou 11e s. La fin de la période est en revanche bien marquée par le passage à l’État V (dont on ne parlera pas ici), correspondant à la construction d’un prieuré bénédiction sur le site vers 1133.




Informations sur la publication

Date juillet 25, 2013
Auteur Mgaillard Fiche personnelle
Statut de la fiche 2. En cours de saisie
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